Mon jardin secret (ou presque...)


Il y a plus d'une décade j'ai placé mes économies dans une garenne fort ingrate (tout juste bonne à enterrer les chiens disaient les gens du crû!) et très accidenté, à Pompignac, dans l'Entre-Deux-Mers (Gironde). Après avoir enlevé quantité de vieilles ferrailles, de dépôts peu respectueux de la nature et de détritus divers, je l'ai clôturé aussitôt afin protéger les fleurs dites sauvages du pietinement des chasseurs et de leurs klebs, et les champignons de l'arrachage de cueilleurs peu mycologues. Depuis je le bichonne amoureusement. J'ai débroussaillé sans tout bousiller, gardant quelques gringons (ruscus aculeatus ou fragon épineux) pour le fun et quelques ronces pour les mûres. Pendant les travaux de voirie j'ai bien fait attention à ne pas abîmer mes arbres (chênes, dont plusieurs très beaux et anciens, peupliers, dont un de 75 ans environ d'après un témoignage d'ancien, érables champêtres, charmes, ormeaux, noisetiers, robinier improprement appelé acacia, qui est le vrai nom du mimosa, etc.). Je soigne les arbustes sauvages ( sureaux, églantiers, genévriers, lauriers ). J'encourage avec des soins appropriés la culture naturelle des ophrys apifera (ophrys abeille), des orchis purpurea (orchidée pourpre), des arum italicum et maculatum (dont les fruits en grappe rouge l'été sont appelés par les enfants "fruits à serpents", j'ignore pourquoi), des pulmonaires mauves et pourpres (borraginées), des euphorbes très vivaces, parfois une grande mauve fleurit.
Un petit jardin d'agrément coexiste pacifiquement avec ce jardin naturel.
A l'automne, à 10 mètres à peine de la cuisine, je cueille cèpes, girolles et pieds-bleus.
Tout allait pour le mieux jusqu'à ce jour funeste du 27 décembre 1999 ou des vents d'une violence inouïe ont hélas déraciné mes plus beaux chênes et cassé quelques érables champêtres. Les souches de 2 à 3 mètres de haut, encore pleine de terre, et donc de vie, pourraient être remises en place, mais le terrain est difficile d'accès, j'ai bien peur d'être obligé de massacrer à la tronçonneuse mes malheureux arbres.
Ainsi va la vie...