František Kupka, dit
François Kupka, né à Opočno, Bohême orientale, le
23 septembre 1871 et mort à Puteaux, Hauts-de-Seine, le
24 juin 1957, est un peintre tchèque comptant parmi les pères de l'abstraction avec
Vassili Kandinsky, Gino Severini,
Piet Mondrian, Kasimir Malevitch et
Robert Delaunay.
Le tableau permet de suivre le processus de décomposition du volume en aplats colorés, géométrisant le motif déjà mis au point dans d'autres séries de dessins et pastels.
La silhouette du modèle qui est prise à contre-jour, dans une vision photographique, est stabilisée par une grille de plans verticaux scandant la graduation des couleurs, de l'ombre à la lumière.
Le buste est calé par les pointes dédoublées d'un triangle qui anime et creuse la composition.
Rendu analytique et géométrique de la forme, discrétion de la couleur, sensibilité de la touche tavelée, le tableau, qualifié de « fantaisie postcubiste » par le critique Roger Allard, en 1912, est en effet proche des portraits cubistes contemporains de
Braque et de
Picasso.
Sources : Centre Pompidou
Portrait
Né dans une famille modeste de Bohême orientale, František Kupka (1871-1957) est placé en apprentissage chez un sellier qui détecte en lui un don médiumnique et l'initie au spiritisme.
Dessinateur-né, il parvient grâce à un mécène à entrer à l'Académie des beaux-arts de Prague puis à l'Académie de Vienne.
Passionné de spiritisme, il peint des oeuvres symbolistes encore marquées par l'académisme.
Après avoir séjourné à Londres et en Scandinavie,
il s'installe à Paris en 1895.
Il connaît un vif succès avec ses dessins satiriques mordants publiés dans L'Assiette au beurre, avant de se consacrer à l'illustration de livres.
Dès 1900, il formule son credo, « tout concevoir de façon moderne, c'est-à-dire sans formes traditionnelles, exprimer l'esprit de notre temps ».
Peintre, il se rapproche du cubiste
Jacques Villon qui fonde en 1911 le groupe de la Section d'or, se tourne vers l'impressionnisme, s'essaie à la touche stridente du fauvisme.
Influencé par la chronophotographie, le praxinoscope de Reynaud ou la radiographie, il tente de traduire le mouvement en peinture, devançant les futuristes.
Il décompose la toile en plans verticaux peints de touches rapides qui font vibrer la couleur.
Kupka est remarqué au Salon des Indépendants de 1912 avec un ensemble de trois tableaux dont Plans par couleurs acquis par le Musée national d'art moderne en 1957.
Vue à contre-jour, nimbée d'une lumière dorée, la femme apparaît à travers une série de prismes.
Ces recherches le conduiront naturellement à la disparition pure et simple de la figure.
Avec
Kandinsky,
Malevitch, Mondrian et les
Delaunay, Kupka figure parmi les pionniers de l'abstraction.
Grâce à la donation d'Eugénie, sa veuve, en 1968, le Musée national d'art moderne possède, avec Prague, le plus riche ensemble de son oeuvre.
© La Poste - Jérôme Coignard