Marianne de Gandon
En 1994, la Poste inaugurait la série du "timbre dans le timbre" avec la première Marianne de la collection de France, émise en septembre 1944 et créée par Edmond Dulac. Celle signée Gandon naquit dans les mêmes heures chaudes de la Libération. C'est en effet pendant les combats qui agitaient la capitale que Pierre Gandon reçut commande d'un projet de timbre qui devait être présenté au général de Gaulle, dès son arrivée à Paris. Ainsi vit le jour une figure emblématique des timbres de France, que le public ne découvrit cependant dans les bureaux de poste que six mois plus tard, le 15 février 1945.
Cette Marianne, dont on célèbre le cinquantenaire, a illustré pas moins de cinquante-sept timbres et connu une carrière philatélique qui dura près de dix ans jusqu'en 1954. L'inflation galopante, qui sévissait dans les années d'après-guerre, explique ce nombre impressionnant de valeurs portant la même effigie. La première Marianne de Gandon, qui affranchissait les lettres simples pour l'intérieur, affichait un tarif de 1,50 F.. Neuf ans plus tard, pour le même usage, la valeur faciale était passée à 15 francs ! Diverse, cette émission le fut aussi par ses deux formats différents et par ses deux techniques d'impression, la typographie et la taille-douce. La série s'enrichit également de valeurs surchargées en France, mais aussi à Jérusalem, par le Consulat de France. Elle compte encore une rareté notoire sur lettre ; le 5 F rosé, émis le 1er janvier 1947, le jour d'un changement de tarif. Ce
dernier fut à nouveau modifié deux jours plus tard : heureux sont les collectionneurs qui possèdent une Marianne oblitérée du 1er ou du 2 janvier 1947, le tarif le plus court de l'histoire postale française I On ne saurait rendre hommage à cette altière Marianne sans évoquer enfin deux célèbres effigies nées elles aussi sous le burin de Pierre Gandon : la Sabine de la fin des années 70 et la Liberté des années 80. Ainsi ce créateur aujourd'hui disparu, auteur de centaines d'émissions en un demi-siècle de carrière, a-t-il attaché son nom à trois grands symboles de la République sur les timbres de France.
Couverture réalisée par Charles Bridoux