Portrait ...
Fille d’un fonctionnaire de l’Ancien Régime, Marie-Guillemine de Laville-Leroulx (Paris, 1768-1826) était douée pour la peinture.
La ruine de son père l’arracha à l’oisiveté des jeunes filles de bonne famille.
Elle en fit son métier, formée par deux maîtres éminents, la portraitiste
Élisabeth Vigée-Lebrun, puis
Jacques-Louis David, chef de file du retour au classicisme.
En 1793, elle épousait secrètement Pierre-Vincent Benoist, banquier royaliste poursuivi comme conspirateur.
Disposant après la Terreur d’un atelier au Louvre, présentant régulièrement ses œuvres au Salon, Marie-Guillemine Benoist fut récompensée d’une médaille de première classe en 1804.
Pensionnée par le gouvernement, elle ouvrit un atelier pour femmes peintres.
Mais en 1814, en plein succès, elle fut contrainte de renoncer à sa carrière pour ne pas nuire à celle de son époux, nommé conseiller d’État…
Ce tableau fit sensation en 1800.
Six ans après l’
abolition de l’esclavage par la Convention, le 4 février 1794, à la suite du soulèvement des esclaves de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), ce portrait d’une femme noire, incarnation des populations des colonies émancipées par la loi, marque une véritable révolution picturale.
Pour la première fois, une artiste célèbre la beauté féminine tout en affirmant l’africanité de son modèle.
En donnant à la jeune femme la pose de la célèbre
Fornarina peinte par
Raphaël, Marie-Guillemine Benoist prend soin de l’inscrire dans une prestigieuse lignée picturale.
Jadis intitulé
Portrait d’une négresse, ce chef-d’œuvre a été rebaptisé par le Louvre
Portrait d’une femme noire au début des années 2000.
Présenté en 2019 au musée d’Orsay à l’exposition « Le Modèle noir, de Géricault à Matisse », il a aujourd’hui retrouvé l’identité de son modèle, Madeleine, une domestique guadeloupéenne, peut-être une esclave
affranchie, employée par le beau-frère de l’artiste.
Le tableau et son modèle sont désormais des icônes, connus et admirés dans le monde entier.
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